Homo neanderthalensis, Homo sapiens
Et autres représentants du genre Homo

SOMMAIRE

1. Homme de Neandertal
2. Homo sapiens
3. Homo antecessor
4. Homme de Tautavel. Homme de Heidelberg
5. Homme de Denisova.
6. Homme de Sima
7. Homme de Tourville-la-Rivière
8. Homme de Flores
9. Homo luzonensis
10. Homo Nesher Ramla
11. Homo longi
12. Homo naledi
13. Représentants du genre Homo
14. Citations


1. Qui était le néandertalien ?

L’homme de Neandertal, homme fossile découvert par deux ouvriers, début août 1856, près de Düsseldorf dans la vallée de la Düssel (appelée Neanderthal), occupa l'Europe et le Proche-Orient (de la Sibérie à l’Atlantique et des Iles de Bretagne à la Palestine) il y a environ 250 000 ans pour disparaître vers 28 000 ans.
Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l'Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans. Les plus anciens Néandertaliens fossiles (Prénéandertaliens) reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans.
Selon une étude de Clive Finlayson, du Musée de Gibraltar, et de ses collègues, publiée le 13 septembre 2006, par la revue Nature, les derniers néanderthaliens étaient certainement présents à Gibraltar (grotte de Gorham) jusqu'à moins 28 000 ans et probablement encore il y a 24 000 ans.

Le néandertalien fut reconnu comme le premier homme fossile différent de l’homme actuel, Homo sapiens, avec lequel il a coexisté pendant des milliers d’années (12 000 ans en Europe et 60 000 ans au Proche et Moyen Orient).
Certains considèrent qu'il représente une sous-espèce au sein de l'espèce Homo sapiens et le nomment donc Homo sapiens neandertalensis tandis que d'autres considèrent qu'il représente une espèce indépendante et le nomment Homo neandertalensis.

L’homme de Neandertal était doté d’un crâne dolichocéphale volumineux, d’une capacité un peu supérieure à celle de l'Homme moderne (10% de plus). Le néandertalien, avec un cerveau un peu plus gros, ne devait-il pas être plus doué ? Depuis peu, les spécialistes pensent que le volume du cerveau n’est pas forcément proportionnel à l’intelligence.
Le redressement de son corps et sa bipédie étaient comparables à ceux de l’homme actuel.
Le mâle mesurait 1,65 m en moyenne (mais des individus auraient atteint 1,90 m) et pesait jusqu’à 100 kg (1,55 m et 70 kg pour la femelle).
Une solide ossature et une large poitrine en tonneau en faisait une force de la nature.
Les traits des néandertaliens sont considérés comme primitifs : crâne aplati, nez large, mâchoires et pommettes saillantes, front et menton fuyant, arcades sourcilières très développées.
Ils avaient une oreille plus fine que celle d'Homo sapiens.
Les anthropologues font valoir que l'homme de Neandertal était doté des caractéristiques anatomiques nécessaires pour parler comme les terminaisons nerveuses des muscles de la langue indispensables pour former des sons. Leur larynx étant plus court que celui des hommes modernes, le ton moyen émis par les Néandertaliensdevait être plus haut et plus aigu que chez Sapiens. En 1983, un os hyoïde néandertalien (l'os hyoïde est un petit os qui maintient la base de la langue et qui est indispensable à l'élocution), très semblable à celui de l'homme moderne, a été découvert à Kébara (Israël).
Selon André Leroi-Gourhan, il y a possibilités de langage à partir du moment où la préhistoire livre des outils, puisque outils et langages sont liés neurologiquement.
"Ils devaient avoir un langage nasal, explique Marylène Patou-Mathis, et parler des langues très différentes des nôtres, peut-être moins riches en vocabulaire et en syntaxe. Mais sa pensée n’en était pas moins riche. Tout le contenu informatif, symbolique et conceptuel ne passe pas seulement dans les mots, mais aussi les gestes, les offrandes, les dessins sur le sol comme les chasseurs-cueilleurs aborigènes".


Homme de Neandertal

"Toutes les études sur l’artisanat de Néanderthal révèlent qu'il a inventé la technique de débitage Levallois, mais aussi la découpe de la pierre en laminaire, en discoïde, en biface." (Marylène Patou-Mathis)
Les néandertaliens maîtrisaient le feu et cuisaient leur nourriture. Une analyse de l’émail dentaire d’un néandertalien âgé, dans le nord de l’Espagne, témoigne d’une alimentation très carnée, à base de viande de cerf, de cheval et de lapin.
Ils vivaient de la cueillette, de la chasse (nomades, ils suivaient les hardes de mammouths) et de la pêche. Leurs lances étaient longues et lourdes.
Ils soignaient leurs aînés et les malades.
Le 9 décembre 2020, une étude dirigée par le paléoanthropologue Antoine Balzeau du CNRS, parue dans la revue Scientific Reports, révèle qu'un petit enfant néandertalien, mort il y a 41 000 ans, a été inhumé par les siens sur le célèbre site préhistorique de la Ferrassie en Dordogne. Les néandertaliens aménageaient des sépultures, pratiquaient probablement l’anthropophagie (des ossements de six Néandertaliens, datant de 100 000 à 120 000 ans et portant des traces de dépeçage et de broyage, ont été trouvés dans la grotte de la Baume de Moula-Guercy à Soyons en Ardèche), l'endocannibalisme et un culte des crânes (disposition rituelle d’objets autour du crâne).
Ils gravaient sur les parois de leurs grottes des symboles magiques ou religieux (vulve, triangles).
Il y a entre 115 000 et 130 000 ans, un Homme de Neandertal vivant dans la grotte de Dziadowa Skala en Pologne a gravé une série de 17 marques sur un os d’ours.
Une flûte en os d’ours remontant au moins à 43 000 ans a été trouvée dans le parc archéologique de Divje Babe, à proximité d'Idrija, dans le Nord-Ouest de la Slovénie.
Ils possédaient des parures (pendeloques) et ornaient leur corps de pigments noir et rouge.
Selon deux articles publiés dans Scientific Reports, l'Homme de Néandertal aurait mis au point une technique plutôt complexe permettant d'obtenir du goudron d'écorce de bouleau. Cette substance était alors utilisée pour la confection d’outils composites nécessitant l’assemblage de petits morceaux de pierre.

Les néandertaliens sont une branche latérale de l'arbre évolutif humain, qui s'est éteinte sur quelques milliers d’années (leur trace se perd à Gibraltar).
Leur disparition pourrait être due au fait qu’ils aient cessé de progresser technologiquement et qu’ils n’aient pu s’adapter aux changements climatiques (brusque détérioration du climat sur le continent il y a 40 000 ans 5) et à un nouvel environnement : la disparition des forêts, pour ce chasseur qui traquait sa proie au cœur des bois et la tuait à coup de pieu, le condamna à la famine car il ne possédait pas d’armes de jet efficaces en terrain découvert, telles que le propulseur de javelot et la fronde employées par sapiens.
Peut-être aussi qu’ils n’ont pu assurer la survie de leur espèce en raison d’une natalité très faible (consanguinité, stérilité) ou encore qu’ils ont été éliminés progressivement par l’homme moderne, décimés par des maladies apportées par lui ou simplement exterminés ?
Les premiers hommes modernes forts de leur supériorité technologique ont poussé les néandertaliens à quitter leurs habitats pour des endroits où la nourriture et les abris étaient plus difficiles à trouver 5, précipitant leur disparition, survenue il y a quelque 28 000 ans, après plus de 300 millénaires d'existence pendant lesquels ils avaient su affronter avec succès la rudesse de l'Europe glaciaire.

Le 16 février 2002, la mâchoire d'un hominidé a été mise au jour dans les grottes de Pestera cu Oase, dans le sud-ouest de la Roumanie. Les ossements ont été datés de – 37 000 à – 42 000 ans par la méthode de datation au carbone 14. Les fouilles ont permis de dégager également un crâne fragmentaire (Oase 2) et un temporal gauche presque complet (Oase 3). L'ensemble des ossements n'appartiennent pas au même individu : Oase 2 était adolescent au moment de sa mort alors qu'Oase 3 était adulte. Si les restes sont identifiés Homo sapiens, ils présentent toutefois des traits plus primitifs, comme des dents de grande dimension. Le groupe de scientifiques a extrait et séquencé le matériel génétique de la mâchoire d'Oase 1. Dans un premier temps il a fallu nettoyer l'ADN des génomes parasites provenant des microbes issus du sol ou l'os était enfoui. De manière identique, le génome a été purifié des ADN des personnes ayant manipulé la mâchoire dans le passé. A leur grande surprise, ils ont découvert que cet Homo sapiens était plus étroitement lié aux Néandertaliens que n'importe quel autre humain déjà analysé... Le spécimen présente entre 6 % et 9 % du génome commun avec Néandertal. 15

Dans un article paru le 7 juin 2006 dans la revue Current Biology, une équipe de chercheurs français, dirigée par Catherine Hänni, du laboratoire Paléogénétique et évolution moléculaire (CNRS, École Normale Supérieure de Lyon), qui a réussi à déchiffrer la plus vieille séquence néandertalienne jamais analysée, confirme que les néandertaliens sont bien nos lointains cousins et non pas nos aïeux directs et qu’ils se sont donc éteints sans descendance.
Mais cette conclusion est loin de faire l'unanimité. Vincent Plagnol, chercheur au Department of Molecular and Computational Biology de l’University of Southern California, et son collègue, Jeffrey Wall, annoncent que les peuples d’Europe pourraient avoir hérité génétiquement de 5% de Néanderthalien (publié le 23 août 2006 dans la revue PLoS Genetics).

3 novembre 2006 : Erick Trinkaus (Washington University, St Louis, USA) et son équipe ont étudié et daté des ossements découverts en 1952 à Pestera Muierii (La Grotte de la Vieille Femme) en Roumanie. Ces fossiles n'étaient plus étudiés depuis longtemps et avaient été approximativement datés à l'époque. Cette nouvelle étude au Carbone 14 a permis de dater la mâchoire à - 30 000 ans. Ces fossiles sont donc contemporains des derniers Néandertaliens, juste avant leur disparition. Selon Erick Trinkaus certaines caractéristiques anatomiques du fossile moderne (Homo sapiens) présentent des similitudes avec celles, plus archaïques, de Néandertal. En particulier, la taille et les proportions des molaires indiquent une origine plus primitive en rapport avec Homo neanderthalensis. Pour le scientifique, le crâne présente également un chignon occipital caractéristique de Néandertal. Comme dans les cas des fossiles de Mladec (République Tchèque) et de Lagar Velho (Portugal), Trinkaus affirme que Sapiens et Néandertal pouvaient se reproduire et que nous avons tous maintenant un peu de Néandertal en nous... Homo sapiens aurait donc tout simplement absorbé l'espèce Homo neanderthalensis 1. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,5 et 2,1 % de gènes néandertaliens.

« Les Néandertaliens n’ont jamais représenté qu’une très petite partie de l’espèce humaine. Et lorsque de nouvelles populations ont pénétré en Europe et se sont mêlées aux Néandertaliens, d’autre gènes ont été introduits, d’autres caractéristiques physiques, si bien qu’au fil du temps la contribution des hommes de Néandertal n’a cessé de se réduire. Ce qui reste ne mérite ainsi plus le nom de Néandertal, même si l’on peut encore trouver des caractéristiques néandertaliennes aujourd’hui. Mais je crois qu’il est important d’insister sur le fait qu’aucune des populations qui vivaient voilà 2 000 générations n’a disparu. Toutes ces populations se sont éteintes. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ont disparu, ni qu’elles n’ont pas de descendants. Je crois sincèrement que les hommes de Néandertal ont des descendants en Europe. » (Milford Wolpoff, professeur d’anthropologie à l’Université du Michigan)

Selon des chercheurs européens qui ont étudié les échantillons d'ADN de Néandertaliens dans des fossiles retrouvés dans une cave dans le nord de l'Espagne, et dont le résultat des travaux paraît le 18 octobre 2007 dans la revue américaine Current Biology, les Néandertaliens, étaient pourvus du gène-clé (FOXP2) qui permet d’acquérir le langage. L’un des co-auteurs de cette recherche, Johannes Krause, anthropologue de l'Institut Max Planck à Leipzig (Allemagne), affirme : « Il n'y a aucune raison de penser que les Néandertaliens ne pouvaient pas parler. »

« Dans la controverse sans fin sur les liens de parenté entre l'homme moderne (Homo sapiens) et l'Homme de Néandertal, Eugène Morin (Department of Anthropology, Trent University, Peterborough, Canada) vient d'apporter un nouveau sujet de discussion. Selon lui, un changement climatique brutal et important a durement frappé l'Europe de l'ouest au moment de la transition entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur, un événement daté de 35 000 à 40 000 ans. La biodiversité des mammifères aurait considérablement diminué, affectant gravement les conditions de vie pour les populations humaines, qui auraient connu une décroissance importante. L'article vient d'être publié dans les PNAS (Proceedings of the national academy of sciences of the United States of America). Ce scénario, selon le chercheur, met à mal l'hypothèse classique selon laquelle des Homo sapiens venus d'Afrique auraient colonisé justement à cette époque une Europe jusque-là peuplée de Néandertaliens. Ce n'était vraiment pas le moment pour des humains de s'installer là, explique-t-il en substance, alors que le territoire devenait hostile. En revanche, cette situation critique aurait rétréci les populations d'Hommes de Néandertal, favorisé la dissémination de mutations et finalement donné un coup de fouet à l'évolution. Le Néandertalien serait ainsi progressivement devenu un Homo sapiens. C'est dans la grotte de Saint-Césaire, en Charente-Maritime, qu'Eugène Morin a découvert les principaux indices qui l'ont amené à cette hypothèse. A cet endroit se sont accumulés des restes fossiles durant des milliers d'années. Le crâne d'une femme néandertalienne y a d'ailleurs été exhumé en 1979. De nombreux os fossiles y ont été retrouvés, avec des traces de tailles de boucheries et de cuisson. Par ailleurs, leur teneur en isotope 15 de l'azote indique qu'il s'agit surtout de restes d'herbivores. Les hommes de cette époque se nourrissaient essentiellement de bisons, de rennes, de chevaux et de cerfs. L'occupation de la grotte a été si constante, explique le chercheur, que l'étude des fossiles permet d'estimer la densité des populations humaines au fil du temps. Par ailleurs, en compilant des données de 27 sites nord-américains où ont été trouvés des restes humains de tribus indiennes, Eugène Morin a mis en évidence une corrélation entre la densité des populations humaines et la biodiversité des grands mammifères herbivores, deux valeurs qui croissent et décroissent en même temps. Approchés des données tirées de la grotte de Saint-Césaire, ces résultats l'ont conduit à conclure que les populations humaines avaient fortement décru au cours de cette période glaciaire, en partie à cause de la raréfaction de leurs ressources en nourriture, en particulier le renne. L'hypothèse d'une invasion d'Homo sapiens venus d'Afrique, qui aurait supplanté Néandertal, semble improbable à l'auteur. De plus, souligne-t-il, les stratégies des humains pour trouver de la nourriture – chasser le grands herbivores – n'ont pas changé au cours de cette période, ce qui aurait été le cas si une nouvelle espèce avait remplacé les Néandertaliens. » 4

Le 26 août 2008, le Journal of Human Evolution publie une étude faite par des équipes de chercheurs de l'Université d'Exeter en Angleterre, de la Southern Methodist University de Dallas, la Texas State University, et de la Think Computer Corporation.
Ces scientifiques ont passé trois ans à recréer des outils faits à partir d'éclats de silex et ont comparé le type d'outils créés par les hommes de Néanderthal et ceux faits par les Homo sapiens. Ils ont conclu qu'il n'y avait pas de différence statistique entre l'efficacité des deux techniques.

Dans une étude publiée le 24 décembre 2008 dans la revue spécialisée PLosONE, une équipe franco-américaine de chercheurs du CNRS (universités de Bordeaux et Versailles/Saint-Quentin) et du Kansas, qui, par simulation, a reconstitué le climat de l'époque et analysé la dispersion des sites, explique que, malgré les perturbations climatiques, les Néandertaliens auraient pu continuer à occuper les mêmes territoires si les hommes anatomiquement modernes ne les avaient pas investis. Il y a eu une compétition mortelle entre ces deux espèces humaines...

Un article de Kheira Bettayeb dans Le Journal du CNRS de septembre 2009 (N°236) fait état de deux études, comprenant des chercheurs du CNRS, qui peuvent expliquer l'extinction de Neandertal :
- Effectuée par une équipe internationale menée par Fernando Ramirez Rozzi, du laboratoire Dynamique de l'évolution humaine : individus, populations, espèces du CNRS, à Paris, la première étude suggère que les relations entre l'homme de Neandertal et l'homme moderne (Homo sapiens) n'étaient pas au beau fixe… puisqu'elle fait état d'agressions du premier par le second ! 2. "Surprenants, nos résultats suggèrent que les néandertaliens ont été en contact avec les premiers représentant des hommes modernes ; et ces derniers semblent avoir rapporté des corps de néandertaliens dans leur caverne pour les manger…" précise Fernando Ramirez Rozzi. Pour parvenir à cette conclusion, le paléoanthropologue, spécialiste du développement dentaire, et son équipe ont analysé des fossiles trouvés sur le site préhistorique des Rois, à Moutiers (Charente)...
- Réalisée par les chercheuses marseillaises Silvana Condemi, Anna Degioanni et Virginie Fabre, du laboratoire Anthropologie bioculturelle 3, la seconde étude confirme l'existence de trois sous-groupes de néandertaliens différents génétiquement (PLos ONE, 15 avril 2009). Ces chercheuses ont pu établir l'existence des trois sous-groupes dans la population néandertalienne (un occidental, un méditerranéen et un oriental). Elles suggèrent même l'existence d'un quatrième en Asie occidentale. Les petites variations génétiques de ces différents groupes seraient dues à une microévolution induite par l'environnement où chacun des groupes vivait. L'existence d'une telle subdivision génétique, avec peu de migrations entre les sous-groupes, pourrait avoir fragilisé les néandertaliens et favorisé leur extinction.

Le 7 mai 2010, la revue Science publie les résultats d'une étude dirigée par Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck de Leipzig. "Il y a du Neandertal en nous. Du moins si nous sommes non africains. Dans ce cas, 1 % à 4 % de notre matériel génétique a pour origine Homo neanderthalensis. Nous nous croyions simples cousins, issus d'un ancêtre commun. Nous nous découvrons aussi métissés avec cet humain disparu." C'est la conclusion la plus spectaculaire tirée de l'étude de l'ADN prélevé sur trois os de néandertaliens issus de la grotte croate de Vindija (-40 000 ans) et sur d’autres fossiles de néandertaliens recueillis à El Sidron (Espagne, -49 000 ans), dans la vallée de Neander (Allemagne, -40 000 ans) et à Mezmaiskaya (Caucase, Russie, -60 000 à -70 000 ans). Pour la première fois, le génome nucléaire d'un homme fossile est séquencé, à hauteur de 60%. Les croisements génétiques pourraient remonter à il y a environ 80 000 ans, quand les hommes modernes venant d'Afrique rencontrèrent les populations de Néandertal établies au Proche-Orient.

Le 13 septembre 2011, une équipe de chercheurs espagnols dirigés par Miguel Cortes Sanchez de l'université de Séville, publie les résultats de leur étude réalisée à partir de la découverte de restes de coquillages, notamment de moules, dans la grotte de Bajondillo à Torremolinos dans le sud de l'Espagne : elle atteste que les Néandertaliens, comme les Homo sapiens, mangeaient des fruits de mer il y a 150 000 ans 6.

Le 1er septembre 2014, Clive Finlayson, directeur du musée de Gibraltar et coordinateur de l’équipe internationale de recherche annonce, dans les Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (PNAS), la découverte, dans la grotte de Gorham à Gibraltar, de formes géométriques gravées remontant à plus de 39 000 ans, premier exemple d’art pariétal des Néandertaliens montrant qu'ils étaient aussi capables d’abstractions.

Selon une étude publiée le 25 mai 2016 dans la revue Nature, l'Homme de Néandertal a très probablement construit il y a 176 500 ans d'étranges structures circulaires en stalagmites dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne). La structure, composée de près de 400 morceaux de stalagmites juxtaposés, alignés et superposés, constitue en l'état actuel des recherches la plus ancienne construction humaine connue au monde.

En juillet 2016, Scientific Reports, un journal du groupe Nature, publie les travaux de l'anthropologue française, Hélène Rougier, révélant que, dans la Troisième caverne de la grotte de Goyet en Belgique, plusieurs os humains, issus de six Néandertaliens et datés de 40 000 ans, montrent des traces de découpe : "On peut conclure que certains Néandertaliens sont morts et ont été mangés ici".

Le 9 avril 2020, la revue Scientific Reports publie la découverte, sur le site préhistorique de l'Abri du Maras, situé à Saint-Martin-d'Ardèche, par une équipe internationale incluant des chercheurs de l'organisme de recherche français, des résidus d'une corde vieille de 40 000 ans, témoignant de capacités cognitives inattendues de l'homme de Neandertal.

Le 7 avril 2021, dans une étude publiée dans Nature, Kay Prufer, du département d'archéogénétique de l'Institut Max Planck déclare que tous ceux dont les ancêtres remontent aux individus qui ont quitté l'Afrique (il y a 70 000 à 60 000 ans), portent un peu de Néandertal dans leurs génomes.
L'analyse des groupes sanguins d'un Dénisovien et de trois Néandertaliens datant d'il y a 100 000 et 40 000 ans est effectuée cette année : Néandertal avait, tout comme l'Homme moderne, le système ABO et non seulement O comme précédemment estimé ; les associations d'allèles soutiennent par ailleurs l'hypothèse de l'origine africaine de Néandertal et de Denisova.

D'après une nouvelle étude parue dans Science le 9 septembre 2022, la modification d'un seul acide aminé d'une protéine engendrant des effets importants, la production de neurones serait plus importante dans le lobe frontal au cours du développement du cerveau chez les humains modernes que chez les Néandertaliens.

Jaume Bertranpetit, biologiste évolutionniste à l'Université Pompeu Fabra, souligne la similitude génétique remarquable au sein de l'espèce humaine, malgré des variations morphologiques notables : le génome des Néandertaliens s'avère 99,7 % identique à celui des humains actuels (https://www.techno-science.net/actualite/99-genome-identique-humains-neandertaliens-meme-espece-N24212.html).

2. Homo sapiens

Selon deux études publiées dans la revue Nature du 7 juin 2017, des restes d'Homo sapiens ressemblant à l'homme d'aujourd'hui, mis au jour lors de fouilles entreprises en 2004 sur le site de Jebel Irhoud au Maroc, ont été datés de 300 000 ans, au moyen de la thermoluminescence et de la résonance de spin électronique, par l'Institut Max Planck de Leipzig.

Deux crânes, baptisées Omo 1 et Omo 2, découverts en 1967 à Kibish en Éthiopie, sont datés d'environ 195 000 ans en février 2005, par Ian McDougal 11. Publiées le 12 janvier 2022 dans la revue Nature, de nouvelles analyses viennent vieillir encore un peu plus notre plus ancien ancêtre direct et avéré : l’équipe internationale de scientifiques, dirigée par l'Université de Cambridge, démontre que les restes d’Omo 1 devaient être plus anciens qu'une colossale éruption volcanique survenue près du site d’Omo Kibish il y a 230 000 ans.

En Juin 2003, à Herto en Ethiopie, une équipe internationale dirigée parTim White,F. Clark Howell (Berkeley, Californie), et Berhane Asfaw met à jour le fossile dénommé Homo sapiens idaltu (idaltu = ancien en langue Afar) et communément appelé l'homme d'Herto : il est daté de 154 000 ans. 11

Les restes de l'homme de Zhirendong, découverts en 2007 dans le sud de la Chine, sont datés d'au moins 100 000 ans par des scientifiques chinois et américains (Sciences et Avenir- Décembre 2010)

Un fossile d’Homo sapiens, trouvé en Israël, date de 92 000 ans.

Les ossements fossiles de Cro-Magnon (v. 30 000 ans) ont permis de reconstituer des silhouettes d’individus grands (1,80 m en moyenne ; 1,95 à Grimaldi) au front droit, au nez long et étroit et à la face allongée.
Une équipe de chercheurs français, dirigée par le Dr Charlier à l'université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), a déterminé que la figure de l'homme de Cro-Magnon était couverte de nombreux nodules bénins, dont un gros sur le front, dus à une maladie génétique, la neurofibromatose de type 1.


Homme de Cro-Magnon

L’Homo sapiens inventa la fronde et le propulseur (l'atlatl), un instrument ancien utilisé pour propulser des lances; des centaines de pointes de flèche miniatures, exhumées dans la grotte Mandrin, dans le sud de la France, laissent penser que des Homo tiraient déjà à l’arc il y a 54 000 ans en France.
Homo sapiens sculpta le bois et la pierre. Dans des abris et des grottes peu profondes, il peignit des images à même la paroi (surtout des animaux et des signes abstraits).

Homo sapiens est sans doute originaire de l'Afrique.
Ces humains se sont ensuite répandus dans toutes les parties du monde soit en remplaçant les populations d’Homo sapiens plus anciennes (ce qui s'est sans doute produit en Europe), soit en se mélangeant à elles (au Proche-Orient).
Toutes les populations que Sapiens rencontra ont disparu.
Selon des travaux publiés jeudi dans Science le 25 janvier 2018, les indices trouvés à Misliya, une grotte située sur les pentes du mont Carmel en Israël, par le paléoanthropologue Israël Hershkovitz, corroborent des hypothèses basées sur des données génétiques selon lesquelles des hommes modernes auraient émigré d'Afrique il y a plus de 220 000 ans : l'âge d'un fragment de mâchoire supérieure appartenant à un Homo sapiens primitif a pu être estimé entre 177 000 et 194 000 ans. Le Proche-Orient a été occupé à différentes périodes par les humains modernes et les Néandertaliens. Cette dernière découverte révèle la possibilité de croisements entre ces espèces et de mélanges génétiques entre différentes populations locales beaucoup plus tôt qu'on ne le pensait. 13

Des comparaisons de l’ADN des mitochondries (qui ne sont héritées que de la mère), prélevé chez des femmes de diverses parties du monde, suggèrent que tous les humains modernes auraient divergé, en une seule génération, en Afrique tropicale : celle que l'on a appelé l'Eve mitochondriale aurait habité l'Afrique, avant d’occuper l’Asie, l’Europe puis l’Amérique...

« Homo sapiens est notre ancêtre, hors l’histoire de l’humanité c’est une longue histoire qui plonge ses racines très profondément dans les tropiques d’Afrique. À partir du moment où émerge le genre humain, cette histoire va se développer dans l’espace puisqu’elle va couvrir toute l’Afrique et bientôt toute l’Eurasie tandis qu’elle continuait à se développer biologiquement sous la forme d’une évolution d’espèce à partir d’un homme premier que l’on appelle l’Homo Habilis avec des outillages très simples à l’homme second que l’on appelle l’Homo Erectus avec ses beaux outillages symétriques et à l’homme troisième que l’on appelle l’homo sapiens, notre héros. La face de l’ancêtre a encore une petite projection qui n’existe plus chez l’Homo sapiens qui a la face plate, elle a des arcades sus-orbitaires encore fortes au-dessus des yeux chez Homo erectus, ces arcades sont tout à fait lisses et planes chez l’Homo sapiens, et au-dessus le front demeure fuyant chez l’Homo erectus alors qu’il est haut et bombé et généreux chez l’Homo sapiens. » (Yves Coppens)

Le génome des humains, à l'exception de ceux d'origine africaine, contient 1 % à 4 % de gènes néandertaliens (7 mai 2010, revue Science).

Le 7 juin 2017, l'équipe du paléoanthropologue français Jean-Jacques Hublin publie une nouvelle datation des ossements fossiles d'Homo sapiens du Djebel Irhoud (Maroc) : 300 000 ans avant le présent.

Selon 2 articles publiés dans la revue Nature le 11 mai 2020 et dans la revue Nature Ecology & Evolution, une dent et quelques fragments d'os trouvés dans la grotte Bacho Kiro en Bulgarie par Jean-Jacques Hublin, l’un des plus grands paléontologues français, prouvent que les humains modernes ont atteint l'Europe il y a 46 000 ans.

"Des chasseurs-cueilleurs ont commencé à arriver en Europe depuis l'Afrique il y a environ 45 000 ans et étaient implantés partout sur le continent entre 32 000 et 24 000 ans. Les chercheurs, qui tentaient d'en apprendre plus sur ces peuples anciens, ont été surpris de retrouver deux groupes génétiquement distincts, malgré l'utilisation d'outils et d'armes similaires à l'époque. L'une d'elles, appelée "Fournol", habitait la France et la péninsule ibérique et était jusqu'ici inconnue. La première trace de l'existence de cette lignée a été découverte sur un site archéologique du Puy-de-Dôme. L'autre, appelée Vestonice, habitait l'Italie et la Tchéquie, mais s'est ensuite éteinte. Seuls les Fournols ont survécu au froid européen. Les Fournols descendaient eux-mêmes des Aurignaciens (identifiés pour la première fois à Aurignac, en Haute-Garonne), la plus ancienne culture de chasseurs-cueilleurs connue en Europe durant le Paléolithique supérieur. Leur signature génétique montre qu'ils auraient survécu pendant au moins 20 000 ans aux conditions difficiles du dernier maximum glaciaire, une période de froid intense survenue il y a environ 24 000 à 19 000 ans. Cette lignée Fournol avait potentiellement une peau et des yeux plus foncés que certaines des lignées ont suivis, après cette période glaciaire. Leurs descendants, les Solutréens et les Magdaléniens (entre 17 000 et 14 000 ans avant le présent), ont cherché refuge dans l'Espagne et le sud de la France. Un événement de réchauffement brutal (vers 14 000, +10 °C au Groenland) leur a permis de retourner dans le nord-est de l'Europe. Ces lignées ont perduré, et sont liées génétiquement aux premiers humains modernes d'Europe, qui se sont sédentarisés il y a environ 8 000 ans" (Emma Derome).

La découverte d'une dent de lait par l'équipe d'archéologues et paléoanthropologues menée par Ludovic Slimak, chercheur CNRS à l'Université de Toulouse, repousse l'arrivée d'Homo sapiens en Europe occidentale à il y a environ 54.000 ans. Autre fait remarquable, elle révèle son occupation de la grotte Mandrin à Malataverne dans la Drôme en alternance avec Néandertal, là où d'ordinaire Sapiens remplaçait ce dernier pour de bon (Science Advances, février 2022).

Au Laos, des restes, retrouvés dans une grotte, bousculent la chronologie que nous connaissions. "Aujourd’hui, il y a sept individus et le plus ancien, retrouvé à sept mètres de profondeur dans la fosse qui est derrière moi, est daté aux alentours de 80 000 ans", explique le chef de mission. C’est une surprise, car cela prouve qu’homo-sapiens, l’homme moderne est sorti bien plus tôt d’Afrique qu’on ne l’imaginait. Mais surtout, on sait désormais que d’autres hominidés l'attendaient en Asie.
Les données génomiques les plus complètes jamais étudiées des populations africaines modernes montrent qu’au moins deux branches évolutives d'Homo sapiens se sont séparées, il y a 120 à 135.000 ans, mais ont continué à se mélanger pendant des dizaines de milliers d’années avant que notre espèce n'entame sa sortie d'Afrique (https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/anthropologie/homo-sapiens-n-est-pas-issu-d-une-seule-et-meme-population-africaine_172250).

Une nouvelle étude (publiée le 23 octobre 2023 dans la revue Nature Ecology & Evolution), basée sur l'analyse génétique de deux morceaux de crânes trouvés en 2009 sur le site archéologique Buran-Kaya III (situé dans le sud de la Crimée), datant de 37.000 et 36.000 ans, démontre que nos ancêtres sont issus d'Europe de l'Est et ont migré vers l'ouest. Ces deux individus sont issus d'un métissage avec les Néandertaliens et avec les tous premiers Homo sapiens européens, venus d’Afrique il y a environ 60 000 ans et qui ont laissé des vestiges archéologiques en Europe à partir d’environ 45 000 ans et que l'on pensait éteints à la suite d'une catastrophe climatique majeure.

3. Homo antecessor

La revue Nature publie le 27 mars 2008, la découverte, dans la Sierra d'Atapuerca, à 17 km à l'est de Burgos, dans le gisement de la Gran Dolina, par une équipe de paléoanthropologues espagnols dirigée par Juan Arsuaga et Eduald Carbonell, de la mâchoire inférieure du plus vieil européen de l'Ouest qui vivait en Espagne, il y a 1,2 million d'années.
Avec cette découverte, la lignée d'Homo antecessor, ancêtre des Néandertaliens, confirme l'ubiquité dans toute l'Eurasie - de la péninsule ibérique à la Chine - des hominidés, il y a plus d'un million d'années.
Cette espèce, baptisée Homo antecessor, se présente sous la forme d'un hominidé plutôt petit, moins costaud que son descendant néandertal, avec un crâne d'environ 1100 centimètres cubes, et un bourrelet sub-orbitaire important mais en deux morceaux.
Le 8 juillet 2022, des paléontologues espagnols annoncent avoir découvert, sur le site de fouilles "Sima del Elefante" dans la sierra d'Atapuerca (nord-est de l'Espagne), un fossile d'un hominidé dont l'âge est estimé à 1,4 million d'années : "Pink" est le plus vieil être humain identifié en Europe.

4. Homo heidelbergensis. Homo erectus tautavelensis

Un péroné de l’Homo erectus tautavelensis, l'homme de Tautavel, découvert dans la Caune de l'Arago près de Tautavel (66), est daté de 450 000 BP [Before Present en anglais (abrégée en BP), avant le présent en français, est utilisée en archéologie pour désigner le nombre d'années écoulées avant l'année 1950 du calendrier grégorien qui a été choisie comme année de référence car elle correspond aux premiers essais de datation au carbone 14].


Homme de Tautavel

Il s'agit d’un prénéandertalien, ancêtre direct de l'Homme de Néandertal et représentant de l'espèce Homo heidelbergensis, l'Homme de Heidelberg dont la mandibule, datée de près de 700 000 ans, a été découverte, en 1907, dans une sablière de la région de Maüer en Allemagne.
Le site d'Atapuerca à 17km à l'est de Burgos (Espagne), gisement de la Sima de los Huesos (Grotte des Os) a livré des os appartenant à un groupe d'une trentaine de squelettes d'Homo heidelbergensis, estimé entre 300 000 et 420 000 ans.
L'Homo heidelbergensis vivait en Europe et en Afrique au Pléistocène moyen, entre environ 600 000 ans et 200 000 ans avant notre ère. Descendant d'Homo antecessor, il serait l'ancêtre de Néanderthal.
En 2016, un bâton de jet de 300 000 ans a été découvert à Schöningen en Basse-Saxe (Allemagne). Il révèle comment Homo heidelbergensis utilisait cette arme pour chasser. En bois d'épicéa de 64,5 cm de long, le bâton de jet était lancé en le tenant par la pointe : il tournoyait alors autour de son centre de gravité jusqu'à atteindre la cible. 16

5. Homme de Denisova.

En 2008, des chercheurs trouvent une phalange humaine dans la grotte de Denisova, dans l’Altaï, au sud de la Sibérie. Les chercheurs de l’équipe de Svante Pääbo et Johannes Krause, de l’Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne) parviennent à en extraire l’ADN mitochondrial. Les éléments retrouvés à proximité (outils, parures) indiquent que le premier occupant de la grotte (il y a environ 200 000 ans), l’Homme de Denisova (ou Denisovan), était aussi évolué que Néandertal (arrivé vers - 190 000 ans) et Sapiens (arrivé vers - 45 000 ans) avec lesquels il partagea le même territoire. Une comparaison avec les autres ADN connus montre même qu'il faut remonter jusqu'à 1 million d'années dans le passé pour trouver un ancêtre commun à l'hominidé de Denisova, l'homme moderne et Néandertal : l'Homme de Denisova est le frère de Néandertal et de Sapiens. Svante Paabo et Johannes Krause (Institut Max Planck) pensent qu'ils sont face à une nouvelle espèce qui aurait quitté l'Afrique après l'expansion d'Homo erectus (-1,9 millions d'années) et avant celle des néandertaliens (-500 000 ans) 7.
Des travaux publiés dans la revue britannique Nature le 22 décembre 2010, montrent une parenté avec l'homme de Neandertal et les ancêtres des habitants actuels de Nouvelle-Guinée, ce qui permet de penser qu'il y a eu des croisements entre les Denisovans et les ancêtres des Mélanésiens.
En août 2011, un article de Laurent Abi-Rached publié par Science décrit le séquençage de l'ADN de ce Dénisovien qui montre que des croisements se sont produits avec les Homo Sapiens 8.
Le 1er mai 2019, un article de la revue Nature révèle qu'une mandibule robuste avec de grandes dents, trouvée dans une grotte à 3 300 m d'altitude, montre que l'homme de Denisova vivait sur le plateau tibétain il y a 160 000 ans. L'analyse morphologique de la mandibule permet de voir que l'individu partageait des caractéristiques anatomiques de l'homme de Néandertal et de l'homme de la grotte de Denisova.
Selon leur situation géographique, les humains actuels ont une plus ou moins grande quantité d'ADN dénisovien estime l'archéologue Tom Higham, professeur à l'université d'Oxford. Tom Higham est convaincu que les différents groupes humains de l'époque ont pu et dû apprendre les uns des autres : Si nos groupes se sont métissés, il se peut que des transferts culturels - échange d'idées, de pensées et de langues - aient également eu lieu.
Si nos ancêtres, connus sous le nom de Dénisoviens, n'avaient pas existé, notre propre espèce ne se serait probablement jamais rendue sur le plateau tibétain, explique Science Alert le 12 décembre 2021. Selon les auteurs de l'article, des recherches génétiques récentes ont montré que tous les Asiatiques de l'Est, y compris les Tibétains, possédaient les mêmes schémas d'ADN que le Dénisovien, ce qui suggère que les gènes régionaux proviennent du même événement de métissage, qui s'est probablement produit il y a 46 000 ans. Ainsi, ce n'est qu'après ce croisement qu'Homo sapiens aurait pu atteindre le toit du monde, et sûrement grâce aux gènes transmis par les Dénisoviens.
Une dent d'enfant vieille d'au moins 130 000 ans découverte dans une grotte au Laos témoigne de la présence des hommes de Denisova dans le climat tropical d'Asie du Sud-Est.

6. Homme de Sima.

Le 4 décembre 2013, la revue scientifique Nature révèle que l'ADN d'un être humain vieux de 400 000 ans a été reconstitué à partir d'un fémur trouvé dans le Sima de los Huesos (gouffre des os) à Atapuerca, au nord de l'Espagne ; l'étude souligne que, même s'il partage bien des traits avec les Dénisoviens, l'Homme de Sima, un Homo heidelbergensis, a, en réalité, divergé de cette lignée quelque 700 000 ans avant notre ère. En 2014, les dents de Sima de los Huesos ont été datées par des techniques fiables à 430 000 années.

7. Homme de Tourville-La-Rivière

Le 10 septembre 2010, des os d'un bras humain, datés d'environ 200 000 ans, sont mis au jour par une équipe d’archéologues de l’Inrap sur le site préhistorique de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), en Normandie.
La découverte est présentée le 9 septembre 2014 lors d'une conférence de presse à Paris, simultanément à sa publication dans la revue scientifique américaine Plos One par un groupe de chercheurs du CNRS, de l’Inrap, de l’université nationale australienne, du Centre national de recherche sur l’évolution de l’Homme à Burgos (Espagne) et du département d’Anthropologie de l’université Washington à Saint Louis.
L'homme de Tourville-la-Rivière, de la lignée néandertalienne, est daté entre 236 000 et 183 000 ans, correspondant à la fin d'une période interglaciaire. 10

8. Homo floresiensis (Homme de Florès).

En septembre 2003, dans une caverne de l’île de Flores (Indonésie), des paléontologues dirigés par les Australiens Michaël Morwood et Radien P. Soejono du Centre indonésien pour l’archéologie de Djakarta découvrent un squelette d’hominidé âgé de 18 000 ans, une femme de 30 ans, ne mesurant pas plus d’un mètre pour un poids de 16 à 28 kg et d’une capacité crânienne de 380 cm3 qu’ils baptisent Edu. Les restes, datés entre - 95 000 et -12 000, de 6 autres individus sont mis à jour en septembre 2004 et la preuve est faite que ces contemporains des Néandertaliens et des Sapiens utilisaient des outils en silex et maitrisaient le feu.
Le 28 octobre 2004, dans la revue Nature, Peter Brown de l’université de la Nouvelle-Angleterre à Armidale (Australie), Richard Roberts et Thomas Sutikna communiquent sur ce nouvel hominidé, l’Homo floresiensis (Homme de Flores surnommé Hobbit).
En janvier 2007, dans l’édition des Annales de l’académie américaine des sciences (PNAS), une équipe de chercheurs de l’Université de l’Etat de Floride publie une étude sur le cerveau d’Homo floresiensis et conclut que le cerveau du petit homme de Flores possédait toutes les caractéristiques structurelles cérébrales d’un cerveau humain normal. Homo floresiensis, qui représente donc une espèce distincte des Homo sapiens, n’était pas atteint de microcéphalie ni d’une autre anomalie : il était simplement plus petit que Homo sapiens, sa petite taille pouvant s’expliquer par l’isolement géographique et l’endogamie.
Dans un article publié le 8 avril 2007 dans les Biology Letters de la Royal Society britannique, Lindell Bromham de l’Université nationale d’Australie à Canberra et Marcel Cardillo de l’Imperial College de Londres, affirment que les petits hommes de Florès, qui cohabitaient sur l’île avec des hommes modernes, il y a 12 000 ans, ont bien été victimes, comme certaines espèces animales, du phénomène de nanisme insulaire. Etaient-ils des Homo sapiens pathologiques, descendant d’Homo erectus probablement arrivés sur l’île il y a quelque 850 000 ans, ou d’ancêtres plus anciens, comme semble le suggérer une étude récente sur les os du poignet ?
Le 4 août 2014, l'académie américaine des sciences (PNAS) publie les résultats d'une étude selon laquelle les hommes de Florès ne seraient pas une nouvelle espèce d'hominidés. Les anomalies relevées sur les restes de squelette s’expliqueraient par une trisomie. 9
Selon deux études publiées le 9 juin 2016 dans la revue britannique Nature, de nouveaux fossiles trouvés sur l'île montreraient que des petits hominidés, qui y vivaient il y a 700 000 ans, sont probablement les ancêtres de cette énigmatique espèce. 12

9. Homo luzonensis (Homme de Luçon).

Le 10 avril 2019, selon une étude parue dans la revue Nature, des chercheurs ont découvert dans la grotte de Callao aux Philippines une nouvelle espèce humaine, aux caractères morphologiques singuliers, qui vivait sur l'île de Luçon, aux Philippines. L’étude des fossiles datés de 50 à 67 000 ans met en évidence une mosaïque de caractéristiques morphologiques qui différencie Homo luzonensis des autres espèces du genre Homo.

10. Homo Nesher Ramla.

Le 25 juin 2021, dans une étude publiée dans la revue Science, une équipe d'anthropologues de l'Université de Tel-Aviv et l'équipe du Dr. Zaidner ont défini un nouveau type du genre Homo, le Nesher Ramla, du nom du site israëlien où il a été trouvé. Les ossements humains découverts dateraient de 140 000 à 120 000 ans avant notre ère, selon les scientifiques. Ils partagent des caractéristiques communes avec l'Homme de Neandertal au niveau des dents et de la mâchoire notamment, mais aussi avec d'autres types homo archaïques au niveau du crâne. Outre l’homme de Néandertal, le Neshler Ramla Homo, aurait eu aussi des interactions avec l’Homo Sapiens. Ils diffèrent cependant de l'Homme moderne de par l'absence de menton, la structure du crâne et la présence de très grandes dents, précise l'étude. De petits groupes du type Homo Nesher Ramla ont migré vers l'Europe - où ils ont évolué pour devenir les Néandertaliens "classiques" que nous connaissons bien, et aussi en Asie, où ils sont devenus des populations archaïques avec des caractéristiques semblables à celles de Neandertal, explique le Dr. Rachel Sarig de l'université de Tel-Aviv, une des autrices de l'étude.

11. Homo longi

Entreposé depuis 90 ans au Musée de Géosciences de l'Université Hebei GEO en Chine, un crâne humain, découvert dans les années 1930 dans la ville de Harbin au nord-est de la Chine, est connu comme celui d'une nouvelle espèce que les chercheurs de trois articles publiés dans The Innovation nomment scientifiquement Homo longi et plus couramment Dragon Man. Selon le primatologue et paléoanthropologue Xijun Ni, H. longi avait, sous certains aspects, un mode de vie similaire à celui de H. sapiens puisqu'il chassait des mammifères et des oiseaux et récoltait des fruits et des légumes. Des analyses géochimiques ont permis de déterminer que le crâne du Dragon Man date d'il y a au moins 146 000 ans, une période propice aux migrations humaines. Les auteurs des études indiquent qu'il est donc probable que H. longi et H. sapiens se soient rencontrés au cours de cette ère. Jusqu'à aujourd'hui, les estimations des paléoanthropologues indiquaient que Néandertal était notre plus proche cousin au sein de la lignée humaine. Or, de nouvelles reconstructions de la phylogénie humaine suggèrent que H. neanderthalensis et H. sapiens auraient divergé il y a un million d'années, soit 400 000 ans plus tôt que ce qui est établi dans la littérature. La place de plus proche cousin de H. sapiens attribuée jusqu'ici à Néandertal pourrait donc revenir à H. longi. 17

12. Homo naledi.

Cette espèce éteinte d'hominines a été découverte en 2013 dans les Grottes de Rising Star, près de Johannesbourg, en Afrique du Sud par le paléoanthropologue américain Lee Rogers Berger. La découverte et l'analyse de nouveaux restes trouvés dans une seconde chambre a été faite en mai 2017 par John Hawks. Homo naledi présente des traits le rapprochant du genre Australopithecus, avec notamment une petite taille et un faible volume crânien, mais aussi des premiers représentants du genre Homo, avec lesquels il partage d'autres caractéristiques. La combinaison de caractères ancestraux et dérivés traduit une évolution en mosaïque. D'abord estimé âgé d'un à deux millions d'années au vu de sa morphologie, il a été daté en 2017 entre 335 000 et 236 000 ans seulement. Les sépultures ont été creusées dans la grotte et les restes ont été enroulés en position fœtale à l’intérieur. Des gravures rupestres symboliques ont été réalisées sur les parois de la grotte ; il s’agit de motifs hachurés et de formes géométriques sculptés par des instruments pointus (Brice Louvet) : María Martinón-Torres, Diego Garate, Andy I.R. Herries et Michael D. Petraglia signalent que rien ne permet d’affirmer que les prétendues gravures ou traces murales sont l’oeuvre de l’Homo Naledi.

13. Représentants du genre Homo 14.

Le crâne, retrouvé en 2015 sur le site de Çorakyerler en Turquie, est remarquablement préservé et a permis d’identifier un nouveau représentant de la sous-famille des Homininés. Les analyses révèlent que ce primate, nommé Anadoluvius turkae, aurait vécu il y a 8,7 millions d’années.
Sur le continent africain, il y a 6,96 à 7,43 millions d'années, apparaîtToumaï, Sahelanthropus tchadensis, un hominine ou hominien, le premier bipède, suivi par Orrorin tugenensis (Kenya), Millennium Ancestor, daté de 5,9 à 6 millions d’années et Ardipithecus (4,2 à 5,8 millions d’années, Éthiopie).
Puis viennent les australopithèques :
Little Foot : Australopithèque le plus complet trouvé dans la grotte de Sterkfontein en Afrique du Sud (1994 et 1997) : 3,67 millions d’années.
et Lucy, ou Dinqnesh parfois écrit Dinknesh : Australopithecus afarensis découvert en 1974 sur le site de Hadar, en Éthiopie : 3,18 millions d'années.

Homo LD 350-1 découvert en 2013 à Ledi-Geraru dans l’état éthiopien de l’Afar : 2,8 millions d'années
Homo AL 666-1 d'Hadar en Éthiopie : 2,33 millions d'années.
Homo rudolfensis (Homme du lac Rudolf au Kenya) : 2,4 à 1,7 millions d'années
Paranthropus boisei, Zinjanthropus boisei ou Australopithecus boisei (Zinjanthrope) : Afrique orientale, entre Tanzanie et Kenya, plaine du Serengeti, gorges d’OlduvaÏ, entre 2,4/2,3 et 1,3 million d'années
Homo habilis : -2,3 à -1,5 millions d'années, l'humain habile, en Afrique
Paranthropus robustus : environ deux millions d'années. Dans une grotte en Afrique du Sud, à Swartkrans, au nord-ouest de Johannesburg.
Homo gautengensis : -2 millions d'années à -800 000 ans, en Afrique du Sud
Homo ergaster : -1,9 million d'années, l'humain industrieux, en Afrique
Homo georgicus (Homme de Géorgie ou Homme de Dmanissi) : -1,8 millions d'années, probablement le premier représentant du genre Homo hors d'Afrique (il présente des caractères intermédiaires entre Homo habilis et Homo ergaster).
Homo erectus, l'humain érigé a peuplé l'Asie entre 1,6 million d'années et 140.000 ans. Homo erectus : 1,4 million d'années (site de Korolevo, près de la rivière Tysa, au Sud-Est de l'Ukraine) a laissé sa place à un autre hominidé, Homo antecessor.
Homo antecessor : - 1,4 million d'années, "Pink", l'homo le plus ancien d'Europe, ancêtre des Néandertaliens...
Homo rhodesiensis : -700 000 à -300 000 ans, l’humain de Rhodésie
Homo heidelbergensis, Homo erectus tautavelensis : -650 000 à -300 000 ans, l'humain de Heidelber, l'homme de Tautavel, prénéandertaliens
Homo neanderthalensis : -450 000 à -28 000 ans, l'humain de Neanderthal
Homme de Denisova : -450 000 à 40 000 ans
Homme de Sima : - 430 000 ans.
Homo naledi : 335 000 à 236 000 ans.
Homo sapiens : -300 000 ans à nos jours, l'humain actuel ou humain sage
Homme de Djebel Irhoud (Maroc) : -300 000 ans
Homo helmei (Homme de Florisbad) : -260 000 ans
Homme de Tourville-la-Rivière, de la lignée néandertalienne, est daté entre 236 000 et 183 000 ans.
Omo 1 et Omo 2 (Homme de Kibish 1 et 2), crânes d'homo sapiens découverts à Kibish, en Éthiopie -230 000 ans
Homo sapiens idaltu (Homme de Herto) : -157 000 ans
Homo longi : 146 000 ans
Homo Nesher Ramla : 140 000 à 120 000 ans
Homme de Zhirendong, découverts en 2007 dans le sud de la Chine, sont datés d'au moins 100 000 ans.
Homo floresiensis : -90 000 à -45 000 ans, l'humain de Florès
Homo luzonensis : - 50 000 à 67 000 ans
Homo de Maludong ou Homme du cerf rouge en Chine ? : -14 500 à -11 500. Ils appartiendraient à une nouvelle espèce humaine, présentant un mélange de caractères archaïques et modernes. Seul le séquençage de l'ADN des Hommes de Maludong permettrait d'établir avec certitude leur degré de parenté avec les humains modernes.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hominine
http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/evolution/ligneehumaine/homo.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hominid%C3%A9_de_Maludong

14. Citations

Pour mener l'être humain vers la civilisation, il a fallu quelques millions d'années, alors que le retour au Néandertal prend moins d'une semaine. (Frédéric Beigbeder, L'amour dure trois ans, 1997)

Je hais l'idée d'une aube nouvelle où les homo sapiens vivraient en harmonie, car l'espoir que cette utopie suscite a justifié les plus sanglantes exterminations de l'histoire. (François Bizot, Le portail, 2000)


Notes
1 http://www.hominides.com/html/actualites/neandertal-roumanie-trinkaus-hybride-0016.html
2 Journal of Anthropological Sciences, vol. 87, 2009, pp. 153-185
3 Laboratoire CNRS / Université Aix-Marseille-II / EFS Alpes Méditerranée
4 Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences, 5 janvier 2008
5 selon l'étude publiée le 28/07/2011 dans la revue Science : Paul Mellars, de l'université de Cambridge, principal auteur de l'étude.
6 http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0024026
7 http://www.hominides.com/html/actualites/nouvelle-espece-hominide-siberie-0288.php
8 http://fr.wikipedia.org/wiki/Hominid%C3%A9_de_Denisova
9 http://www.pnas.org/content/early/2014/07/31/1407382111.full.pdf+html?sid=0e08f557-d7bc-48b0-ada6-6916c8476433
10 http://www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/actu/d/paleontologie-nouveau-pre-neandertalien-decouvert-homme-tourville-riviere-55569/
11 http://fr.wikipedia.org/wiki/Omo_1_et_Omo_2
12 http://www.atlantico.fr/atlantico-light/ancetre-homme-flores-surnomme-hobbit-probablement-ete-decouvert-2728090.html
13 https://culturebox.francetvinfo.fr/patrimoine/un-fossile-en-israel-indique-une-sortie-plus-precoce-de-l-homo-sapiens-d-afrique-268523
14 https://fr.wikipedia.org/wiki/Homo
15 https://www.hominides.com/html/actualites/adn-sapiens-neandertal-en-europe-0936.php
16 https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/la-plus-vieille-arme-de-jet-de-la-prehistoire-resurgit-du-passe_143755
17 https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/ancetres-humain-neandertal-detrone-homo-longi-alias-dragon-man-serait-notre-plus-proche-cousin-92141/


Sources


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 29/04/2024

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