Nicolas IV, pape

Girolamo Masci naît le 30 septembre 1227 à Lisciano près d'Ascoli (Marche).
Général des Frères mineurs (Franciscains) puis cardinal-évêque de Palestrina, il est élu pape le 15 février 1288 et choisit le nom de Nicolas ; il est intronisé le 22.
Nicolas IV alloue à la Caisse des cardinaux la moitié des revenus du Saint-Siège.
Il meurt le 4 avril 1292 dans l'église Sainte-Majeure.

La prophétie dite de St Malachie lui attribue la devise Picus inter escas (le pivert entre les viandes).


1288. 15 février, élection du pape. 28 mars (Pâques), le moine nestorien Rabban Bar Sauma, envoyé en ambassade en occident par l'ilkhan d'Iran Arghoun, est à Rome auprès du pape Nicolas IV. 9 avril, Bataille de la rivière Bach Dang, le général vietnamien Trần Hưng Đạo arrête les invasions mongoles du Viêt Nam. 15 avril, Traité de paix entre la République de Gênes et Pise qui cède la Corse à Gênes. 5 juin, victoire du duc Jean Ier de Brabant sur la Gueldre à la Bataille de Worringen : le duché du Limbourg passe aux ducs de Brabant qui contrôlent ainsi l'artère commerciale de Cologne à Brême ; les bourgeois de Cologne se soulèvent contre l'archevêque et proclament la ville libre. 8 juin, à Alfaro (Espagne), Lope Diaz III de Haro qui, armé d'un couteau, menace le roi Sanche IV de Castille, est tué par les chevaliers. 8 août, le pape Nicolas IV proclame une croisade contre Ladislas IV de Hongrie, excommunié pour ne pas avoir converti les Turcs Coumans, ses alliés contre les barons hongrois. 30 septembre, mort de Lech II le Noir, duc de Cracovie. Première mention du terme de cagots 1 désignant des personnes mises à l’écart de la société parce que supposées lépreuses ou présumées descendre de lépreux.

1289. 26 février, Przemko, duc de Żagań et de Ścinawa, participe à la Bataille de Siewierz qui oppose Henri IV le Juste et ses vassaux à Boleslas II de Mazovie et à ses alliés (Ladislas Ier le Bref, la Ruthénie et Casimir II de Łęczyca) : Henri IV le Juste est vaincu et Przemko est tué, les armes à la main (il est inhumé dans le monastère cistercien de Lubiąż ; le duché de Ścinawa est annexé par le duché de Wrocław d'Henri IV le Juste). 27 avril, les Mamelouks du sultan Qalaoun prennent Tripoli : Nicolas IV proclame la croisade. 29 mai, le pape couronne Charles II d’Anjou roi de Sicile. 11 juin, Bataille de Campaldino, les Florentins (guelfes) triomphent des troupes des gibelins de Pise et d'Arezzo. En juillet, le pape envoie Jean de Montecorvin au Kataï (Chine) où il découvre le royaume chrétien des Ongüt, évangélisé jadis par les Assyriens nestoriens ; à Khanbaliq (Pékin), dont il devient archevêque, il fait de nombreuses conversions, surtout parmi les Mongols, les Chinois et les Alains déportés. 26 octobre, par la bulle Quia sapientia, le pape fonde à Montpellier un Studium generale (Université regroupant médecine, droit, lettres et théologie).

1290. 5 janvier, suite à la prise de Tripoli, le pape Nicolas IV publie une bulle de croisade : Venise et le roi d’Aragon envoient des secours à Acre où parvient, au début de l'été, une troupe indisciplinée qui massacre des marchands musulmans. 1er mars, fondation de l'université de Lisbonne qui sera transférée à Coimbra en 1307. 23 juin, mort de Henri IV le Juste, duc de Wrocław et duc de Cracovie : il offre le trône de Cracovie à Przemysl II, le duché de Wrocław (Basse-Silésie) à Henri III de Głogów et la région de Kłodzko à Venceslas II. 10 juillet, assassinat, par ses barons, de Ladislas IV de Hongrie qui n’a pas d’héritier direct : le pape déclare la Hongrie fief pontifical vacant et le donne à Charles-Martel d'Anjou qui ne cherchera pas à défendre son trône contre André III élu roi de Hongrie par les nobles hongrois. 18 juillet, édit d'expulsion du roi d'Angleterre, Edouard Ier, bannissant les Juifs du royaume (y compris ceux de Guyenne) à partir du 1er novembre : les Juifs des terres du roi d'Angleterre en Aquitaine se réfugient en Languedoc, en Navarre et en Castille. 20 juillet ou 4 août, couronnement d'André III de Hongrie, proclamé roi par les nobles de Hongrie. Nicolas IV intensifie la répression contre les apostoliques. Les membres de la confrérie musulmane des ghazis (guerriers de l’islam) d’Osman Ier (ou Othman) dit Gazi le Victorieux (1280-1299), émir d’une tribu de Turcs oguz (ou oghouz) ayant fui l’Asie centrale (envahie par les Mongols) avec les Seldjoukides et fixée en Anatolie occidentale vers 1230, supplantent les Seldjoukides : dynastie des Osmanlis ; Osman Ier reçoit du sultan de Roum le district d'Eskişehir. 31 août, décret de l'empereur Rodolphe Ier déclarant la Hongrie fief vacant de l'Empire et le conférant à son fils Albert. 8 septembre, couronnement à Naples de Charles d'Anjou dit Martel, roi de Hongrie, par les légats du pape Nicolas IV.

1291. 19 février, signature de la Paix de Brignoles entre Alphonse III d'Aragon et Charles II d'Anjou : Charles renonce à ses prétentions sur le royaume d'Aragon tandis qu'Alphonse s'engage à ne pas secourir son frère Jaques Ier en Sicile. 1er mai, les banquiers et marchands lombards sont arrêtés et rançonnés pour usure par le roi de France Philippe IV le Bel. 10 mai, d’après la légende, la maison de la Vierge à Nazareth est transportée par des anges, depuis la Galilée jusqu’à Tersate, au lieu-dit Raunizza, près de Fiume (actuelle Rijeka en Croatie). 18 mai, après un siège de 40 jours, le sultan mamelouk Malik Ashraf Khalil prend Saint-Jean d’Acre (dernier bastion chrétien) ; le 28, la citadelle des Templiers tombe ; fin des croisades et du Royaume Franc ; les Francs qui ne sont pas massacrés ou vendus comme esclaves sont rejetés à la mer ; toute la Palestine est libérée et musulmane ; les Mamelouks doteront Jérusalem de mosquées et collèges, tandis qu’ils persécuteront les chrétiens et les juifs, soumis au port d’un signe distinctif : jaune pour les juifs, bleu pour les chrétiens ; les Templiers s’installent à Chypre : à partir de Chypre, opérations combinées des croisés avec les Mongols (celles entre 1299 et 1302 ne recevront aucun secours de l’Occident). 18 juin, mort d'Alphonse III, roi d'Aragon : son frère Jacques II lui succède. Marco Polo est autorisé à quitter l’empire Yuan ; il rejoindra Venise quatre ans plus tard. 1er août, acte de naissance de la confédération helvétique (fête nationale) : Werner Stauffacher, Walter Fürst, Arnold de Melchtal et Guillaume Tell jurent de délivrer leurs cantons (Uri, Schwyz et Nidwald) de la domination autrichienne des Habsbourg (les historiens s’accordent à reconnaître que le serment du Rütli n’est probablement qu’une légende). Nouvelle expulsion des marchands lombards par Philippe le Bel. Montfaucon est, avant Le Puy, le siège de la justice royale et du bailli du Velay ; Philippe le Bel, roi de France, possède Montfaucon par moitié avec Armand de Retourtour (la copropriété avec les rois de France se terminera en 1763).

1292. Jacques de Voragine (+ 1298) est sacré archevêque de Gênes. 4 avril, mort du pape Nicolas IV.

Vacance du Saint-Siège

1292 (suite)
. 4 mai : la ville de Lyon est prise sous la garde du roi de France.

1293. 18 mars, Kaysersberg devient ville libre d'Empire. 20 mai, le roi Sanche IV de Castille crée l'université Complutense de Madrid. 23 mai : les Cortes de Valladolid imposent au roi de Castille d'interdire aux Juifs d'exercer un pouvoir sur les chrétiens.

1294
. En février, Charles II d'Anjou est à Nice pour le carnaval dont c'est la première mention. 18 février, mort de Kubilai Khan, souverain mongol : Temur Kan, son petit-fils, lui succède. 20 mai, le roi Sanche IV de Castille crée l'université Complutense de Madrid. 18 juin, un mandement de Philippe le Bel au sénéchal de Beaucaire lui enjoint d’installer les juifs de la ville dans un quartier séparé ad scandala evitanda ; les Juifs des villes royales du Languedoc sont contraints à la résidence dans les ghettos. 5 juillet, élection du pape Célestin V.


Note
1 La première trace des cagots remonte au XIe siècle où ils sont cités dans un texte sans qu’il soit fait mention de leur apparence physique ou d’un quelconque rejet. En 1288, le terme de CAGOTS a une origine incertaine : il pourrait provenir du latin « caccabus », qui signifie « forêt », ou de l'expression « cangoth », qui signifie « chiens de Goths ». Il désigne des personnes mises à l’écart de la société parce que décrites comme petites, difformes, consanguines, supposées lépreuses ou présumées descendre de croisés lépreux et affublées de tares telles que l'absence de lobe aux oreilles, les pieds et les mains palmés, les pouces atrophiés, un goitre et une haleine fétide. Les tares physiques qu’on leur prête s’apparentent aux manifestations de ce que l’on nomme "crétinisme", une insuffisance thyroïdienne provoquée par une carence en iode, un mal qui touche les habitants des régions montagneuses.
« Ces hommes appelés "agots", quelquefois "caffots" dans le Béarn et la Navarre, "cagots" dans la Gascogne, et "gahets, gabets et cuffets" dans la Guyenne, sont regardés comme des misérables en proie à une lèpre contagieuse » (Oihénart, Notice sur la Gascogne).
Dans cette caste maudite et réprouvée, "les uns ont voulu reconnaître des Wisigoths échappés au fer de Clovis dans les plaines de Vouillé et attachés à l'arianisme ; les autres les ont pris pour le reste de ces Sarrasins qui, après avoir envahi l'Espagne et désolé le Midi de la France, furent vaincus et chassés par Charles Martel ; d'autres, enfin, les regardent comme des descendants des croisés atteints d'une lèpre incurable…" (Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Pierre Larousse).
Certains voient en eux des Juifs ayant fui Jérusalem ou des cathares.
Selon les lieux et les époques, les cagots étaient aussi nommés Chrestians ou Crestias (avant le XVIe siècle), Gézitains (à partir du XVIe siècle), Capots (Armagnac), Graouès ou Cascarrots (Bigorre), Ladres (Bordeaux), Caqueux, Caquins ou Caquous en Bretagne (discriminés jusqu’au XVIIIe siècle).
Ils n'ont pas le droit d'habiter dans les villages et vivent dans des hameaux isolés. Ils n'ont pas le droit d'avoir un nom de famille, de toucher l'eau et de marcher pieds nus. S'ils veulent aller à l'église, ils doivent entrer par une porte particulière et rester au fond ; ils ne peuvent toucher l'eau bénite qu'avec un bâton. Les prêtres refusent de recevoir leur confession. Au tribunal, la parole d'une personne "normale" vaut celle de 7 cagots. Ils ne peuvent contracter des unions qu'entre eux. Ils n'ont le droit d'exercer que les métiers du bois. Les cagots de la Vendée s'adonnent principalement à la pêche, dont les produits suffisent à leur nourriture.
Le 7 mars 1407, une ordonnance de Charles VI défend aux cagots, ces personnes malades d'une maladie, laquelle est une espèce de lèpre (le mot "Caque", utilisé en Bretagne pour les désigner, signifie lèpre, et le terme "Caquin" désigne un lépreux) ou mésellerie [...], appelées en aucune contrée capots et en autres contrées casots de se mêler à la population sans porter une enseigne qui les fasse reconnaître.
En 1460, les États de Béarn demandent l'application des règlements prescrivant aux cagots de porter sur leurs vêtements la marque de pied d'oie ou de canard permettant de les distinguer et qu'ils ont abandonnée.
En 1471, les cagots de Moumoure près Oloron ne peuvent aller déchaussés parmi les gens, entrer au moulin pour moudre le grain (ils doivent le donner à la porte au meunier), laver aux fontaines ou lavoirs qui servent aux autres habitants, danser et jouer avec les autres ; ils n'ont pas le droit d'avoir des bestiaux ni de faire du labourage (ils doivent vivre de leur métier de charpentiers, menuisier ou bucherons comme anciennement) ; il leur est prescrit de demander l'aumône accoutumée en chaque maison, en reconnaissance de leur chrestiantat.
En 1514, Les cagots de Navarre s'adressent au pape Léon X, se plaignant de discriminations dans les églises ; Léon X répond par une bulle enjoignant de les traiter avec bienveillance sur le même pied que les autres fidèles et confie l'application de cette bulle au chanoine de Pampelune, Don Juan de Santa Maria.
Les cagots vivent ainsi pendant près de 800 ans jusqu'à ce que l'exode rural leur permette de se fondre dans l’anonymat des villes.

Sources


Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 01/05/2024

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