Amphétamine, méthamphétamine,
et autres drogues...

Amphétamine et méthamphétamine

Un scientifique allemand, Edeleano, fabrique, en 1887, l’amphétamine à partir de l’éphédrine 15. Les américains la mettent sur le marché sous le nom de benzédrine en 1937. Préconisée pour des indications allant du rhume, à l’asthme, la fatigue, la dépression, la narcolepsie ou l’obésité, elle reste en vente libre jusqu’en 1959 sous forme d’inhalateurs contenant 250 mg d’amphétamine 8.
L'abus de l'amphétamine est spectaculaire au cours des années 1960 dans le milieu des hippies qui mélangent amphétamine et L.S.D. L'injection intraveineuse d'amphétamine apparaît à cette époque.


La méthamphétamine, qui diffère de l'amphétamine par l'ajout d’un groupe méthyle sur l'atome d'azote, est synthétisée pour la première fois en 1919 au Japon par le chimiste Akira Ogata.
Cette substance, surnommée drogue des nazis, nazicrack, drogue d'Hitler ou pilule de Göring, est fabriquée en Allemagne, en 1938, sous le nom de Pervitin, à la demande de Hitler (qui devient lui-même dépendant d'un cocktail de multivitamines, appelé Vitamultin Forte et contenant de la Pervitin, que son médecin personnel, le docteur Theodor Gilbert Morell, lui injecte en 1944 6). La Pervitin stimule le système nerveux accroissant la vigilance et la résistance à la fatigue. Les médecins de la Wehrmacht distribuent des dizaines de millions de doses aux soldats afin de les garder éveillés et de les rendre plus agressifs au combat pendant plusieurs jours d'affilée ; une marque de chocolats appelée Hildebrand contient 13 mg de cette drogue. On estime qu'entre avril et juillet 1940, les troupes allemandes ont reçu plus de 35 millions de comprimés de méthamphétamine.
Aux Etats-Unis, dans les années 1930, l'amphétamine est en vente libre, commercialisée sous le nom de benzédrine. Malgré les effets néfastes constatés sur la santé physique et mentale des consommateurs, les autorités américaines et britanniques généralisent l'utilisation de cette drogue lors de la Seconde Guerre mondiale pour combattre la faim et la fatigue, et augmenter la vigilance et l'endurance des soldats.
L’amphétamine, notamment le maxiton (dexamphétamine), et son dérivé, la méthamphétamine, sont utilisés massivement par les pilotes allemands, américains (l'armée de l'air américaine l'a introduite en 1942 et les a ajoutées aux trousses médicales en 1943 ; cette pratique s'est poursuivie tout au long des guerres de Corée et du Viêt Nam), anglais (les forces armées britanniques ont distribué 72 millions de comprimés d'amphétamine au cours de la Seconde Guerre mondiale), canadiens (les soldats canadiens prenaient 5 à 20 mg de sulfate de benzédrine toutes les cinq à six heures) et japonais (notamment les kamikazes, ces pilotes auraient reçu des injections de méthamphétamine avant leurs missions suicides). En Italie c’est la simpamina D.
A la fin de la guerre, le Times titre en première page : « La méthédrine (de la méthamphétamine, ndlr) a gagné la bataille d’Angleterre » ; en effet, cette drogue a permis aux pilotes de la RAF, qui manquait d'aviateurs, d'effectuer des dizaines d’heures de vol sans repos.
Dès le début des années 40, le Japon recommande l’utilisation des méthamphétamines ; les militaires et tous ceux qui travaillent dans l’industrie de guerre sont encouragés à en consommer pour la plus grande gloire de l’Empire du soleil levant ; les Kamikazes sont fréquemment soumis au philopon (prononcé hiropon en japonais) dont le nom signifie, en grec ancien, qui aime le travail, et qui leur donne le Senyoku (énergie guerrière). Les japonais seront les plus gros consommateurs de l’après guerre (à cause de stress causé par la peur des bombes atomiques selon plusieurs scientifiques). La pub japonaise ventait d’ailleurs ce produit par le slogan : « Hiropon vide la tête et donne du tonus au corps ». Après Hiroshima et la défaite, les consommateurs se chiffrent par millions ; en 1948, 5% des japonais entre 16 et 25 ans sont intoxiqués par la méthamphétamine ; la moitié des meurtres à Tokyo lui étant alors attribués, une répression très sévère vient péniblement à bout du problème à la fin des années 1950 8.

Dans les années 50, les médecins américains prescrivent de la méthamphétamine, sous le nom de desoxyn, pour lutter contre l'obésité ou pour traiter la dépression.
En octobre 2010, une enquête allemande révèle que la victoire de la RFA lors de la coupe du monde 1954 a été volée car l'équipe allemande s'était dopée à la pervitine. 3

Au Vietnam, 10% des GI's consomment de la méthamphétamine (un rapport de 1971 du House Select Committee on Crime a révélé qu'entre 1966 et 1969, les troupes américaines ont consommé 225 millions de pilules de stupéfiants).
Au Liban, les milices en vendent à leurs ennemis en la coupant avec de l'héroïne pour les accrocher plus sévèrement.
Récemment en Afghanistan, des pilotes de chasse US tirent sur une patrouille canadienne qu'ils ont prise pour des talibans : l'enquête révèle qu'ils ont abusé de la ritaline qui leur est très légalement prescrite pour maintenir vigilance et combativité dans des missions. 7

Au début des années 90, une ethnie birmane, déjà détentrice du marché de l'héroïne, décide d'envahir l'Asie avec la méthamphétamine, plus facile et moins chère à fabriquer, qui rend aussi dépendant que l'héroïne.
Une tribu du nord de la Birmanie, les Was, d'anciens coupeurs de têtes devenus barons du marché de la drogue, s’aperçoivent qu'ils ont à portée de leur territoire un marché vaste, riche et peu exploité : celui de la jeunesse thaïlandaise, aveuglée par le strass du matérialisme et qui déserte les temples bouddhistes pour ces cathédrales de la consommation que sont les department stores.
Les Was se lancent dans la production massive de yaa baa (ce qui, en thaïlandais, signifie littéralement la drogue qui rend fou), facile et peu chère à fabriquer à partir d'éphédrine. En moins de deux ans, la pilule envahit tout le royaume où il y aurait aujourd'hui plus de trois millions de consommateurs. En Thaïlande, le yaba supplante l'opium, la morphine et l'héroïne. Les effets (violence, suicides, déscolarisation) sont désastreux. Le gouvernement thaïlandais décrète le yaba catastrophe nationale.

La méthamphétamine, fabriquée au Canada et aux États-Unis (surtout en Californie), a envahi le monde. Sa consommation s’est surtout développée dans le milieu homosexuel à partir de la côte ouest des États-Unis vers 1985, puis vers la côte est, au cours des années 1990.
En Europe, la met fait son apparition au début des années 2000 notamment en Grande-Bretagne. La majeure partie de la production européenne est localisée en Europe de l’Est : République Tchèque, Slovaquie, Bulgarie [Rapport mondial sur les drogues 2006 ; Office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Cependant, la Belgique, le Danemark, l’Estonie, la Grèce, la France, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, l’Autriche, la Suède, la Roumanie et la Norvège ont déclaré des saisies de méthamphétamine, ce dernier pays enregistrant le nombre le plus élevé de saisies et les quantités les plus importantes. Selon l’EMCDDA (European monitoring centre for drugs and drug addiction), la diffusion de méthamphétamine en Europe, bien qu’en progression, reste bien inférieure à celle de l’amphétamine [État du phénomène de la drogue en Europe. Rapport annuel 2006. Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT)]. En France, la consommation de crystal reste marginale ; le plan 2007-2011 de prise en charge et prévention des addictions intègre les éléments tels que la prévention pour lutter contre l’extension de cette drogue 5.
La substance, nommée aux Etats-Unis : meth, shabu, chrystal, ice, crank, glass, batu, tina ou yellow rock, est de la dexméthamphétamine, produit de synthèse de la famille des amphétaminiques, psychostimulant majeur et hautement addictif, qui provoque les mêmes effets que l’amphétamine sous une forme plus marquée.
Elle se présente en général sous forme de cristaux transparents fumables mais également sous forme de comprimés semblables aux ecstasy. 1
La meth est vendue sous la forme de comprimés, de capsules ou de poudre et elle peut être fumée, reniflée, injectée ou avalée 4.
Des trafiquants mexicains ont mis sur le marché de l'ice pure à 90% (contre 25 à 40% pour la meth de cuisine) beaucoup plus puissante et donc plus dangereuse.

Produits trouvés dans la meth
Sel, acides, bases, solvants, diluants, acétone, alcool à friction, éther, produits de nettoyage domestiques notamment les déboucheurs d'évier, lithium provenant des batteries de caméra, phosphore rouge, caféine, MDMA (méthylène dioxy-métamphétamine : molécule de l'ecstasy), éphédrine et pseudo-éphédrine contenues dans des médicaments, cocaïne, cannabis, buprénorphine (Subutex), amphétamines. 2 4

Présentation
La meth se présente sous forme cristalline (dexméthamphétamine) ou sous forme de comprimés (chlorhydrate de méthamphétamine) de formes et couleurs diverses (orange, rose, rouge, beige,...) qui dégagent une forte odeur de vanille. Ils portent souvent l'inscription WY et sont, en général, plus petits que les ecstas (ecstasy).
Sous forme de comprimés et de gélules, la meth est consommée par voie orale.
En cristaux, elle est fumable. En poudre, elle peut être sniffée.
Il y a un type de crystal meth qui circule et ressemble à une fraise en cristaux durcis (un bonbon qui grésille et qui sautille dans votre bouche). Il sent également comme la fraise et il est distribué aux enfants dans la cour d’école. Ils l’appellent le strawberry meth ou strawberry quick. Il peut également en avoir à la saveur de chocolat, de beurre d’arachide, de cola, de cerise, de raisin et d’orange. Les enfants ingèrent cette drogue en pensant que c’est un bonbon et ils doivent être rapidement conduits à l’hôpital.

Les effets recherchés
Comme toutes les amphétaminiques la meth est un stimulant. Mais son effet est plus long et plus intense. On se sent heureux, pleins d'énergie.
Elle donne une impression de grande confiance en soi, et permet de rester éveillé longtemps (on l’a appelé la drogue des camionneurs).
Elle est appréciée dans certains milieux (militaires, sportifs etc.) car elle augmente l'agressivité et donne le sentiment d'avoir une énergie hors du commun.
Lorsqu'elle est avalée, les effets se font se sentir au bout de 15 à 45 minutes. Si elle est fumée, les effets sont immédiats.
Au début de la montée on se sent lucide, sûr de soi et maître de ses actes. Mais, après un certain temps, surviennent, en général, de grosses paranos et des angoisses.
Les effets peuvent durer d'une nuit à 3 à 5 jours selon le dosage, le contexte, le poids et la constitution...

La descente
Si la montée est violente, la descente est particulièrement dure, avec la plupart du temps des idées noires, suicidaires, un sentiment de persécution et des douleurs musculaires (crises de tétanie).
Le corps épuisé est léthargique : y a plus moyen de se bouger !

Les risques
La consommation peut entraîner une augmentation du rythme cardiaque, de l'hyperthermie, des convulsions, des accidents vasculaires et cardiaques.
Les effets secondaires immédiats sont une perte d'appétit, une crispation des mâchoires, une sécheresse buccale, des maux de gorge et une tension musculaire, surtout au niveau de la nuque et du dos.
On risque de se sentir nerveux, irritable et de souffrir d'un sentiment de persécution.
On peut devenir agressif, perdre le contrôle de toi-même, avoir des tendances à la violence paranoïaque : des attaques de panique et des hallucinations (notamment sentir des insectes courant sous la peau et entendre des voix) pouvant conduire à des actes incontrôlés.
La meth devient tout de suite une amie pour le consommateur et fait vite partie de sa vie de tous les jours. La dépendance est très forte car les symptômes de manque sont si violents qu'ils conduisent à un usage abusif et répété.
Cette dépendance est particulière, car la meth augmente la libération de dopamine. Un usage d'environ une semaine en épuise les stocks, ce qui oblige le consommateur à dormir jusqu'à ce qu'il sorte de sa torpeur pour reprendre une nouvelle dose.
Il y a des risques de dénutrition qui, alliés à des insomnies prolongées, conduisent à des états d'épuisement important.
Qu'elle soit sniffée, injectée, avalée ou fumée, la dépendance à la meth est très rapide (l'addiction est quasi immédiate).
Quant à ses effets, dus à une libération augmentée de dopamine dans le cerveau, ils sont dévastant et parfois mortels !
On peut constater des convulsions épileptiformes, un coma, une attaque d'apoplexie, des problèmes cardiovasculaires, une forte augmentation de la température corporelle, une destruction de cellules musculaires, des inflammations de la peau (boutons du speed), des chutes de dents et de cheveux, des maux d’estomac, des états de psychose (hallucinations, angoisse et paranoïa) et de graves dépressions avec des tendances suicidaires.
La méthamphétamine attaque le cerveau, les poumons, les muqueuses de l’estomac, le foie et les reins. Les personnes atteintes de maladies psychiques, d’hypertension, de maladies du foie et des reins, de diabète, doivent, encore plus que quiconque, s’abstenir d'en consommer. En outre, il n'existe pas de traitement de substitution pour la meth.


Attention !
Certaines analyses ont démontré qu'il y avait des traces de méthamphétamines dans des échantillons de speed.
Par-dessus le marché (c’est bien le mot !), des petits arnaqueurs vendent sous le nom de "coke" de la méthamphétamine en poudre...

Fénéthylline ou captagon

La fénéthylline est une drogue de synthèse de la famille des amphétamines vendue sous le nom de captagon. La fénéthylline a été inventée par l'entreprise Degussa AG en 1961. En 1963, le captagon sert de médicament pour traiter les troubles de l'attention. En 1986, il est inscrit sur la liste des substances psychotropes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 19863. Il est interdit en 1990. Jusqu'en 2011, le principal point de production est la Lybie. Avec le chaos qui règne en Syrie, la Syrie devient le premier point de production en 2011. 11
Les djihadistes de l'État islamique, d'al-Nosra et les soldats de l'Armée syrienne libre (ASL) seraient aujourd'hui accros à cette petite pilule blanche qu'ils avaleraient pour se donner du courage. Selon Radwan Mortada, spécialiste des mouvements djihadistes : "Les milices en Syrie en consomment une partie mais elles l'exportent aussi vers l'étranger, notamment vers les pays du Golfe. Les gains leur permettent de financer l'achat de leurs armes et leurs opérations militaires". Un trafic d'autant plus rentable qu'il ne suffit que de de quelques milliers de dollars pour produire 200 000 pilules de captagon (surnommé la pilule des jihadistes). 12
Comme toutes les autres amphétamines, cette drogue entraîne une résistance à la fatigue, une vigilance accrue et une perte de jugement. Elle donne l'impression à celui qui la consomme d'être tout puissant, d'être le roi du monde en quelque sorte" (Pr Jean-Pol Tassin, neurobiologiste de l'Inserm et spécialiste des addictions).
Cependant, aucune autopsie n'a révélé la moindre trace de drogue chez les terroristes ayant agi en Europe, et plusieurs spécialistes signalent l'absence d'éléments attestant d'une consommation de Captagon dans les rangs djihadistes. 19

PMMA (para-méthoxyméthamphétamine)

Le 31 janvier 2015, un communiqué de l’Institut Scientifique de Santé Publique (ISSP) de Belgique tire la sonnette d'alarme et met en garde contre la pilule sur laquelle figure le symbole du super-héros Superman. Rose et flanquée du fameux "S", elle a la forme du logo du célèbre super-héros, mais est loin de délivrer ses supers pouvoirs, car cette petite pilule renferme une dose inhabituellement élevée de la substance mortelle : la PMMA (para-méthoxyméthamphétamine). Elle fait des ravages dans le Nord de l'Europe ; observée aux Pays-Bas en décembre 2014 et cette semaine en Espagne, à Madrid, elle a récemment entraîné, au Royaume Uni, le décès de quatre personnes au moins. 10

MDMA (méthylènedioxy-méthamphétamine)

La MDMA est appelée ecstasy quand elle est sous forme de comprimé. Elle fut synthétisée pour la première fois en 1898 par Anton Köllisch en Allemagne et ensuite redécouverte en 1912 par les laboratoires Merck espérant l'utiliser comme anorexigène qui le feront breveter en 1914 ; c'est alors un intermédiaire dans la fabrication d'un styptique (vasoconstricteur). Il est probable qu'il ait été administré à des troupes allemandes pour ses vertus anorexigènes et stimulantes. En 1953, l'armée américaine s'y intéresse, sous le nom EA-1475, dans le cadre du projet MK-Ultra ; à cause du manque de résultat ces recherches s'arrêtent avec le projet dans les années 1960. Alexander Shulgin s'y intéresse, à partir de 1965, en réalisant lui-même la synthèse et publie en 1976 avec David Nichols les impressions issues de l'usage de la MDMA. Suite à cette publication, la MDMA commence à se populariser et à être disponible dans la rue. Elle sera progressivement prohibée, dans la plupart des pays, à partir du milieu des années 1980 et listée à la convention sur les substances psychotropes de 1971. 13
La MDMA (MD ou simplement D) est, de plus en plus, consommée sous forme de parachutes ou paras : dans une feuille de papier à rouler, on enveloppe les cristaux éventuellement réduits en poudre avant de tout gober.


AUTRES DROGUES

Le 27 mai 2014, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) publie son rapport 2014.
Il note une réémergence de poudre et pilules d'ecstasy fortement dosées dans plusieurs pays européens.
Il alerte sur l'usage de méthamphétamine, jusqu'alors limité à la République Tchèque et la Slovaquie, qui semble s'étendre, notamment en Allemagne, en Grèce, à Chypre, en Lettonie et en Turquie, avec des pratiques de consommation à risque, et sur des épidémies d'injection localisées et nationales inquiétantes de cathinone de synthèse (une version synthétique du khat, qatoukat).
Encore peu présent en France, ce mode de consommation est cependant observé dans les cercles festifs de la communauté gay avec le slam, qui consiste à s'injecter par voie intraveineuse un stimulant dans un contexte sexuel. Méphédrone, pentédrone, MDPV (composant principal de la drogue dite sels de bain), 4-MEC plus de cinquante dérivés de cathinone ont été détectés dans l'UE, dont sept nouveaux l'an passé (2013).
L'alpha-pyrrolidinohexiophénone (A-PHP) est un stimulant synthétique de la classe des cathinones et de celle des pyrrolidines. Il produit des effets courts suivis d'un fort craving (envie irrépressible d'en reprendre). Il est structurellement apparenté à des composés tels que la MDPV et est l'un des successeurs de l'analogue de la cathinone, l'α-PVP. Comme toutes les cathinones, il est classé comme stupéfiant. 23
La 3-méthylméthcathinone (3-MMC), drogue de synthèse, qui fait partie de la famille des cathinones de synthèse et aux effets comparables à la cocaïne, apparaît dans les années 2010 dans les soirées chemsex et les milieux homosexuels (CNews). Mais, depuis 2017, sa consommation semble s’être largement démocratisée. La Commission européenne a adopté des mesures visant à contrôler la 3-méthylméthcathinone (3-MMC) et la 3-chlorométhcathinone (3-CMC), deux nouvelles substances psychoactives nocives du groupe des cathinones synthétiques, qui seraient vendues comme substituts légaux à des substances étroitement liées et déjà réglementées, la méphédrone et la 4-chlorométhcathinone (4-CMC).

Pour le cannabis, drogue la plus consommée en Europe (avec une consommation globalement stable ou en baisse), la tendance est aussi à une hausse de la teneur en principe actif (le THC), aussi bien pour la résine, majoritairement importée du Maroc, que pour l'herbe, dont la part de production locale augmente dans de nombreux pays.Le rapport souligne également l'émergence de produits de synthèse analogues au cannabis (cannabinoïdes), qui peuvent être extrêmement puissants, avec des effets néfastes préoccupants. 9
Une étude, publiée le 14 décembre 2016 par The New England Journal of Medicine, révèle que le cannabis de synthèse K2 est 85 fois plus puissant que la marijuana naturelle : "Recent in vitro pharmacologic studies of the actions of AMB-FUBINACA at the cannabinoid receptor 1 indicate that it is 85 times as potent as Δ9-THC and 50 times as potent as JWH-018, which was found in the early outbreaks of "K2" synthetic cannabinoid products". 14


Selon le rapport annuel publié le 6 juin 2017 par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) 16, le cannabis reste de loin la drogue la plus populaire en Europe, devant la cocaïne, la MDMA (principe actif de l'ecstasy) et les amphétamines (amphétamine et méthamphétamine).
Le "Buddha blues", également appelé PTC "pète ton crâne", est "une substance chimique de synthèse qui provoque les effets du THC, la molécule psychotrope du cannabis". Ce produit se consomme "sous forme d'additif liquide dans les cigarettes électroniques". « La grosse différence avec le cannabis, c’est qu’il y a plus d’overdoses, de complications cardiaques, pulmonaires, neurologiques et psychiatriques », explique Laurent Karila, professeur d’addictologie.

L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) s'inquiète notamment des dangers des nouveaux opiacés de synthèse à forte teneur en principe actif, qui imitent les effets de l'héroïne et de la morphine, et constituent une menace croissante pour la santé en Europe et en Amérique du Nord. Parmi ces substances figure les FENTANYL, des sédatifs très puissants qui provoquent chaque année des overdoses par dizaines de milliers, notamment en Amérique du Nord (le fentanyl est si puissant que la différence entre vivre ou mourir tient à moins d'un gramme). En 2022, selon un communiqué du 20 décembre, l'Agence américaine anti-drogue (DEA) a saisi des quantités de fentanyl de contrebande suffisantes pour tuer toute la population du pays : 333 millions d'habitants.

La cocaïne, davantage consommée dans les pays de l'Ouest et du Sud alors que les amphétamines le sont plus au Nord et à l'Est, elle semble être de plus en plus disponible dans certaines régions d'Europe (l'armée britannique a consommé de la cocaïne pendant la Première Guerre mondiale : les troupes la recevaient sous forme de pilules appelées Forced March).
Le crack, ou free base, drogue dérivée de la cocaïne, se présente sous forme de poudre en petits cailloux, destinés à être fumée (pipe à crack) et plus rarement injectée.

La codéine 17, un alcaloïde morphinique présent sous forme de base dans l'opium, sert à la synthèse d'un dérivé, la désomorphine ou crocodile. Présente en Russie depuis 2002, elle serait arrivée en Allemagne en 2011, au Canada, et en 2013 aux États-Unis ; c'est une drogue extrêmement dangereuse et potentiellement mortelle dès la première injection. « La peau d'abord se nécrose, se transformant en plaques verdâtres ressemblant au cuir du crocodile. Puis la chair et les muscles se décomposent, les organes sont attaqués, les os fragilisés de façon irréversible (...) L'espérance de vie des utilisateurs atteint rarement trois ans. » L'amputation peut se révéler nécessaire dans le meilleur des cas. Des revendeurs de drogues feraient passer le crocodile pour de l'héroïne.
La culture hip-hop est aussi souvent associée à l'usage de drank ou du sizzurp (dérivé de syrup), une boisson mixant un sirop contre la toux à base de codéine et d'un anti histaminique avec du soda. Ce mélange ne contient pas d'alcool (mélange potentiellement fatal) ni autre psychotropes, si ce n'est qu'il est combiné à l'usage de cannabis. Le purple drank, mélange de sirop pour la toux à la codéine, de prométhazine, de Sprite et de colorant violet, a déjà fait l'objet d'une mise en garde de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) évoquait plusieurs cas d'hospitalisation dès 2015. Une nouvelle tendance émerge, celle des comprimés à la codéine : Klipal, Tussipax, Padérylou ou Codoliprane 18.

Kobolo désigne le Tramadol, un anti-inflammatoire proche de la codéine et de la morphine, utilisé de façon récréative aux Etats Unis vers 2014 et qui fait fureur dans les écoles du Gabon depuis 2017. 20

La GBL (gamma-butyrolactone), solvant industriel (servant à la base à nettoyer les jantes de roues) utilisé pour ses effets euphorisants, s'invite de plus en plus dans les soirées de la capitale pour son pouvoir euphorisant. Une fois ingéré, ce produit industriel se transforme dans l'organisme en GHB (acide gammahydroxybutyrique) plus connu sous le nom de la drogue du violeur. L'usage répété de la GBL pourrait entraîner une dépendance. Les personnes qui utilisent le GHB ou la GBL veulent toujours avoir des sensations plus hautes que la fois précédente, donc elles vont augmenter les doses jusqu'à tomber dans le coma. 21

La kétamine, de formule chimique C13H16ClNO, est une molécule de la famille des cycloalkylarylamines, utilisée comme anesthésique général en médecine humaine et en médecine vétérinaire, très proche du dextrométhorphane et de la phencyclidine (PCP). Parce qu'elle est facilement disponible, facile à utiliser et peu coûteuse, la kétamine est l'un des anesthésiques les plus couramment utilisés dans les pays en développement. Elle est aussi l'anesthésique principal utilisé dans la pratique vétérinaire. En tant que drogue, la kétamine occupe une place de plus en plus importante non seulement au sein de l'éventail des substances consommées dans l'espace festif électro alternatif (free parties, raves, tecknival, festivals…) mais également dans les clubs, bars musicaux et discothèques de certaines régions. On note depuis 2011, la vente de méthoxétamine pour de la kétamine, à l'insu de l'usager. Cette substance aux effets apparentés, mais plus puissants et plus durables, parfois vendue très pure, est à l'origine de complications (malaises, troubles psychiques et psychiatriques...) 22.

Le Lyrica, un médicament aux puissants effets anxiolytique, antalgique et antiépileptique, sort des rayons pharmaceutiques pour descendre dans la rue et s’imposer comme la drogue de la misère. Vendue sous le manteau entre 1,50 euro la gélule et dix euros la plaquette, pour une à deux heures de "défonce" euphorique ou mortelle si la substance est associée à d'autres produits psychoactifs. En 2019, des centaines de prescriptions de Lyrica ont été falsifiées en France.

Depuis 2011, sous l'impulsion de cartels colombiens cherchant à développer le marché de l'héroïne, le H, une drogue bon marché et hautement addictive, fait des ravages parmi les populations les plus pauvres d'Equateur. La poudre de "H" contient moins de 3% d'héroïne (c'est parce qu'il y a si peu de drogue pure que le toxicomane a besoin de plus en consommer, donc plus en acheter) : avec un gramme d'héroïne, le dealer confectionne 40 grammes de "H". Les drogues de synthèse contenues dans le reste de ce dangereux cocktail provoquent symptômes psychotiques et hallucinations.

Dans son rapport annuel publié le 7 juin 2018, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) écrit que les trafiquants européens ne cessent d'innover leurs méthodes de production avec, notamment, la multiplication des laboratoires de transformation de la cocaïne, de production de MDMA (principe actif de l'ecstasy), de méthamphétamine et d'héroïne.
Désormais, le Vieux continent exporte (...) son expertise dans les drogues de synthèse vers le continent américain, l'Australie, le Moyen-Orient, l'Extrême-Orient et la Turquie constate l'OEDT.

Une nouvelle drogue inquiète l’Agence américaine des médicaments : la xylazine, surnommée « tranq » ou « drogue du zombie ». Couplée avec des opioïdes ou de l’alcool, ses effets sur la santé sont particulièrement dévastateurs. Accessible facilement sur internet, elle est très souvent couplée au fentanyl. Ce médicament est utilisé en médecine vétérinaire comme pro-anesthésique ou sédatif à destination des chevaux, des chats et des chiens. Il n’est absolument pas adapté à l’homme, car il bloque les récepteurs adrénergiques, responsable de la régulation de la tension artérielle et du rythme cardiaque. Il n'est pas autorisée pour un usage humain par l'Agence américaine des médicaments (FDA). Injecté, ce cocktail de substances peut provoquer d'horribles blessures sur la peau et compliquer les overdoses. La xylazine peut causer des lésions cutanées importantes, allant jusque’à la nécrose et pouvant nécessiter une amputation ou une greffe de peau. Par ailleurs, les cas d’overdoses rapportés sont nombreux. En 2020, 26% des overdoses en Pennsylvanie ont été causées par cette substance. (Nadège Delépine)

La "drogue du pauvre" : connu sous le nom de Lyrica ou de Prégabaline, ce médicament, prescrit pour traiter l'épilepsie, les troubles anxieux généralisés et les douleurs neuropathiques, est utilisé comme une drogue par certaines personnes. Vendu 2 euros le comprimé, il est devenu, en 2019, le plus disponible sur le marché de rue parisien.


LES BARONS DE LA DROGUE MODERNE ONT DES PREDECESSEURS ANCIENS.

Les preuves archéologiques montrent que l'usage récréatif et le commerce de drogues existaient dès 1600 av. J.-C. dans la Grèce et la Rome antiques. Bien que les usages médicinaux et religieux aient été documentés, les abus à des fins récréatives ont été minimisés. Mais des artefacts tels que des flasques en forme de capsules de pavot suggèrent une utilisation répandue de l'opium, du cannabis et d'autres substances. Le culte de Déméter et Perséphone utilisait probablement de l'ergot de seigle pour provoquer des visions et l'extase religieuse lors de leurs rituels des mystères d'Éleusis. Et la présence culturelle de l'opium est évidente dans l'art grec et romain à travers les motifs omniprésents du pavot. Les progrès de la criminalistique confirment que des jarres de capsules de pavot excavées contenaient autrefois divers résidus psychoactifs. L'opium est arrivé en Grèce via le commerce avec l'Égypte, qui produisait massivement plusieurs variétés. Des Grecs comme Dioscoride ont écrit sur la récolte de l'opium à partir de pavots. Les Romains appréciaient l'opium dans les boissons, les somnifères et des comprimés facilement disponibles. Bien que certains composés étaient légaux, d'autres comme la belladone et la jusquiame étaient des achats exotiques sur le marché noir, trop dangereux pour un usage courant. Le poète Ovide associait la belladone aux sorcières dans ses œuvres. Et l'armée du général romain Pompée fut rendue célèbre pour avoir été enivrée et mise en déroute après avoir mangé du miel de rhododendron toxique disposé stratégiquement. L'Odyssée d'Homère décrit des drogues séduisantes, comme la «drogue du bonheur» d'Hélène de Troie et les lotus qui altèrent l'esprit et captivèrent l'équipage d'Ulysse. Bien que les anciens manquassent de compréhension sur la dépendance et la toxicomanie, ils reconnaissaient les effets comportementaux des drogues, en qualifiant certaines d'aphrodisiaques et d'autres de sédatives. Des experts médicaux comme Dioscoride cataloguaient méticuleusement les préparations. Les drogues servaient à la médecine traditionnelle malgré les risques (Quora, 20 avril 2024).


Notes
1 http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/glossaire-tab/gl-mq.html
2 www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxpbj6.pdf
3 http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thamph%C3%A9tamine
4 http://www.methwatch.ca/whatis_fr.html
5 http://www.em-consulte.com/article/197867
6 http://schikelgruber.net/hitlerL.html
7 ftp://ftp2.asud.org/asud/asud_journal_31.pdf
8 http://www.pistes.fr/swaps/48_117.htm
9 http://actu.orange.fr/
societe/les-drogues-consommees-en-europe-de-plus-en-plus-nocives-afp_CNT0000002nwkM.html
10 https://www.wiv-isp.be/news/Pages/superman_FR.aspx
11 http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9n%C3%A9thylline
12 http://www.lepoint.fr/
monde/la-pilule-miracle-des-djihadistes-23-05-2015-1930686_24.php#xtor=CS3-194
13 https://fr.wikipedia.org/wiki/MDMA
14 http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1610300#t=article
15 En 1883, le médecin militaire allemand Von Aschenbrand donne de la cocaïne à ses soldats avant les exercices. La cocaïne précédera ainsi les amphétamines comme stimulant d'usage militaire, dans l'armée allemande, lors de la première guerre mondiale ; mais elle n'atteindra jamais ni l'ampleur ni la systématicité de l'usage de ces dernières. http://medecine.savoir.fr/utilisation-militaire-des-amphetamines/
16 http://actu.orange.fr/
france/en-europe-les-drogues-de-plus-en-plus-dangereuses-et-mortelles-CNT000000JkClM/
photos/des-drogues-plus-dangereuses-et-mortelles-en-europe-b46f960f2b5f121be369521282f7b3a8.html
17 https://fr.wikipedia.org/wiki/Cod%C3%A9ine
18 http://www.leparisien.fr/
fait-du-jour/alerte-a-la-codeine-medicament-detourne-en-nouvelle-drogue-a-la-mode-09-06-2017-7032417.php
19 http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/07/27/
captagon-un-rapport-demonte-le-mythe-de-la-drogue-des-djihadistes_5165582_3224.html
20 https://actu.orange.fr/
monde/au-gabon-le-kobolo-nouvelle-drogue-et-star-des-lycees-CNT000000XaoMp/photos/
les-etals-d-un-marche-de-rue-a-libreville-le-31-janvier-2018-au-gabon-
a3b3f99c1cb5f2eb8a1d46e592a8dab8.html
21 http://www.bfmtv.com/
societe/grand-angle-la-gbl-drogue-accessible-et-pas-chere-
fleau-des-nuits-parisiennes-1441616.html
22 https://www.psychoactif.org/
psychowiki/index.php?title=K%C3%A9tamine,_effets,_risques,_t%C3%A9moignages
23 https://www.psychoactif.org/
psychowiki/index.php?title=A-PHP,_effets,_risques,_t%C3%A9moignages


Sources


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 18/05/2024

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